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Faut-il psychiatriser les enfants "hyperactifs" ?

Le diagnostic de "Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité" (TDAH) et le "Haut Potentiel Intellectuel" (HPI) chez les enfants scolarisés est très en vogue dans les écoles élémentaires.

Le personnel de l'éducation nationale (directrices, institutrices, psychologue scolaire) doit faire aujourd’hui du "dépistage précoce" en repérant et signalant les "troubles du comportement" des enfants dès l'entrée au CP.

Un enfant perturbateur, qui ne tient pas en place, n'écoute pas ce que dit la maitresse, n'obéit pas, à la tête dans les nuages et ne peut pas se concentrer, est étiqueté "TDAH". Ce diagnostic fait partie du DSM-5  : Manuel des Diagnostics et Statistiques des Troubles Mentaux (édité par l' Association Américaine de Psychiatrie).

Dans certaines communes de Dracénie, des enfants un peu trop "turbulents", doivent prendre un médicament tous les matins, au petit déjeuner, pour être admis en classe.

​Certains ont reçu également l'étiquette du trouble "HPI" (Haut Potentiel Intellectuel). Un "QI" (Quotient Intellectuel) supérieur à la moyenne est considéré comme une "anomalie" neurodéveloppementale".

D'autres enfants sont diagnostiqués "TDAH-HPI". Avec aussi la cohorte de tous les troubles "dys" : dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie, dysphasie...

Le "Manuel des Diagnostics et Statistiques des troubles mentaux" (DSM-5) est "le Manuel qui rend fou" (d'après un article du journal "Le Monde". Ce DSM-5 a été rejeté par les "psy" qui ont protesté dans le mouvement "STOP DSM"

Ce Manuel, (la "Bible" de la psychiatrie "made in America") a été malheureusement imposée comme référence mondiale, y compris en France en 2015.

​Grâce au "dépistage précoce" du TDAH-HPI (avec les troubles "dys" associés) dans les écoles primaires, les familles les plus démunies sont soulagées : elles peuvent faire une demande d'aides pour la prise en charge de leur enfant. Pour aider leur patient, certains médecins remplissent et signent des dossiers PCO (voire MDPH, adressés ensuite aux Maisons Départementales des Personnes Handicapées).

Les enfants diagnostiqués "TDAH" avec "HPI" (et troubles "dys") sont ainsi considérés et stigmatisés comme des handicapés !

​​Les médecins de ville sont désormais autorisés à prescrire à des enfants de 6 ans, qui sortent de l'école maternelle, un médicament psychostimulant dont l'utilisation devait, initialement, être très encadrée et délivrée uniquement en milieu hospitalier : le méthylphénidate.

Cette molécule (apparentée aux amphétamines) se décline en plusieurs noms suivant les laboratoires qui commercialisent en France le méthylphénidate : Ritaline, Concerta, Medikinet, Quasym.

La forme LP (à Libération Prolongée) est aussi vendue sur le marché. Elle est prescrite pour que la bonne observance du traitement soit respectée. Avec la forme LP, les enfants ne peuvent pas recracher leur comprimé. Les doses quotidiennes ne peuvent pas être oubliées (ou être utilisées "à la carte" comme préconisé dans certains pays).

Les enfants étiquetés "TDAH" sont mis sous "camisole chimique" pour qu'ils soient sages comme des images en classe. 

​Les ordonnances de méthylphénidate peuvent être renouvelées même si les médecins prescripteurs ne savent pas grand chose de ces enfants "terribles" qui mettent le "bazar dans la classe", s’ennuient et ont du mal à se concentrer. Chez l'adulte, l'incapacité à se concentrer est un des symptômes de la dépression. 

​Grâce au développement des neurosciences et à l'imagerie cérébrale, on apprend que ces enfants "hyper actifs" ont un trouble neuro développemental dû à un "bug" dans les circuits neuronaux de leur cerveau. Toute la souffrance psychique serait visible à l’imagerie cérébrale. On raconte aux parents que ce TDAH est d’origine "génétique" (alors qu’aucun gène du TDAH n’a été identifié par aucun bio marqueur !).

La grille diagnostique de la psychiatrie à la "sauce américaine" (le DSM-5) conduit à ne plus concevoir l’enfant en souffrance comme un sujet mais comme un objet.

Avec l'imagerie cérébrale (et maintenant la recherche de bio marqueurs) seul l’"organe cerveau" est examiné pour déterminer les troubles du "comportement" en se basant sur une "normalité" standard.

L’enfant étiqueté TDAH n'a aucun moyen de défense :  s'il n'avale pas son comprimé au petit déjeuner, il n'a pas le droit d'aller en classe (c’est le règlement appliqué dans certaines écoles).

Le méthylphénidate est un psychostimulant. Personne ne sait pourquoi ce type de médicament (apparenté aux amphétamines) peut calmer l' "hyperactivité", ce qui est un paradoxe.

Grâce aux progrès des neurosciences et de l'imagerie cérébrale va-t-on finir par mettre des psychotropes dans les biberons si bébé pleure trop, jette trop souvent ses hochets par terre, tape trop fort sur son assiette avec sa cuillère en mettant de la purée partout ?

Ne vaut-il pas mieux que les enfants soient "hyper actifs" plutôt que "hyper passifs" ?

​Dans une crèche de Draguignan, la directrice ayant diagnostiqué un trouble d’"hyper activité" chez un enfant de moins de 2 ans qui grimpait sur les chaises et ne tenait pas en place, avait préconisé aux parents de préparer déjà un dossier MDPH. Ce qui les avait énormément angoissé !

Les enfants "hyperactifs" sous traitement, sont traités comme des rats de laboratoire. On teste l'efficacité de telle ou telle dose de méthylphénidate pour voir si leur "comportement" s’est amélioré. Et si ce n’est pas le cas, 2 médicaments de la même molécule (par exemple Concerta + Medikinet) sont parfois prescrits.

Le "comportementalisme" a été étudié autrefois dans les laboratoires de psychologie expérimentale.

Les étudiants en "psycho" devaient faire des tests sur des rats blancs, des souches de souris, des batteries de poussins, en observant leur comportement et en calculant statistiquement leur niveau de performances après apprentissage.

​Avec le référentiel du DSM-5 américain, les enfants étiquetés TDAH et HPI, peuvent être psychiatrisés dès leur entrée au CP.

"L’hyper activité" des enfants qui entrent à l'école élémentaire,  et leur "haut potentiel intellectuel",  n’est pas une pathologie psychiatrique nécessitant la prise d’un traitement pharmacologique au long court (avec des risques d’effets secondaires et indésirables).

Entre l'école maternelle et la grande école (élémentaire), il y a une "aire transitionnelle" (comme le disait Winnicott) et un temps d'adaptation nécessaire. Les "grands" qui sortent de l'école maternelle redeviennent des "petits" quand ils entrent à l'école primaire.

 

A 6 ans, certains enfants ont peut-être encore envie de jouer en classe. Et ont besoin de plus de temps que d'autres pour intégrer les nouvelles règles de discipline. Peut-être sont-ils aussi plus sensibles  (comme les adultes) à des "facteurs de stress" ? Avec des institutrices parfois maltraitantes du fait de leurs difficultés à gérer des classes surchargées et "difficiles". Des problèmes familiaux peuvent aussi être à l’origine de "troubles du comportement" et de perturbations dans la scolarisation des enfants.

Tous ces paramètres ("environnementaux") ne sont pas pris en compte dans le référentiel du DSM-5. ​

Les facteurs sociaux sont relégués au second plan, voire totalement évacués et ignorés, dans la philosophie du "tout génétique", du "tout cérébral" et du "tout neuronal" devenu le nec plus ultra  de la "psychiatrie de précision". 

 

Quand un enfant s'ennuie parce qu'il est très précoce, sait déjà lire et écrire en entrant au CP, ce n'est pas "normal" : il a un "HPI" considéré comme un trouble "neuro développemental", confirmé par un test de QI. 

​​​Le Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (qui gère la profession réglementée de psychologue) a choisi une autre étiquette : "EIP" (Elève Intellectuellement Précoce) et non pas "HPI" ("Haut Potentiel Intellectuel").

Avoir un QI supérieur à la moyenne n'est pas un handicap mais au contraire un avantage.

Certains recteurs d'Académie et Présidents d'Université ont pu constater que les "EIP" ont un taux de réussite très élevé aux examens et concours ; ils font souvent de brillantes études. On découvre parfois que ces "EIP" ont un "don" naturel. Ce don peut être héréditaire, mais pas génétique ni congénital.

​Est-ce "pathologique" pour un enfant d'être trop intelligent, trop précoce, trop curieux et de s'ennuyer en classe ? Avec une telle "philosophie", le niveau scolaire en France (un des plus bas d'Europe) risque encore de dégringoler. Elle aggrave le risque de stigmatisation des enfants qui ne sont pas "dans la norme standardisée" et ont déjà un "dossier" (PCO, MDPH) monté à l'école primaire. 

​Pour obtenir ces diagnostics (scientifiquement "prouvés" grâce à la neuro-imagerie cérébrale ?), dans les villages de Dracénie, les parents des enfants TDAH-HPI (+ "dys"), doivent vider leur "bas de laine". Ils sont incités à débourser plusieurs centaines d'euros pour un bilan "neuro-psy-cognitif" avec toute une batterie des tests non remboursés par l'Assurance Maladie ! Ces bilans fatiguent beaucoup les enfants, obligés de rester assis parfois plusieurs heures pour réaliser  des tests.

La fatigue et le stress peuvent diminuer leur concentration pendant les épreuves en faussant aussi les scores !  ​​​​​​​​​​​​​

Une prise en charge psychologique (voire psychothérapique) de l'enfant diagnostiqué "TDAH" et "HPI" devait être préconisée en première intention afin de limiter la surprescription et surconsommation de méthylphénidate. Commercialisé en France sous les noms de Ritaline, Concerta, Medikinet, Quasym, (suivant les laboratoires).

Certaines écoles acceptent aussi des dispositifs de contention "élastiques" pour qu'un enfant trop "hyper actif" ne puisse pas bouger de sa chaise pendant les cours. Cette pratique rappelle étrangement les camisoles que l’on utilisait autrefois dans les asiles d’aliénés pour contenir les patients trop agités. 

​​​​Si des médicaments ont été prescrits à votre enfant, parce qu'il est très agité, bagarreur, distrait, rêveur ou s'ennuie à l'école, conservez vos ordonnances.

Vous avez le droit de demander un "deuxième avis " avant d'être convaincu que votre enfant a un «handicap d’origine génétique».

Votre pharmacien(ne) peut aussi vous éclairer sur la prise des médicaments. Il a accès aux banques de données du "VIDAL grand public" qui donne des informations fiables sur les médicaments, notamment sur les effets secondaires possibles ou les examens à réaliser et à contrôler avant la mise en place du traitement par méthylphénidate.  

​Une consultation avec un psychologue clinicien de votre choix est vivement conseillée. Vous pouvez consulter un psychologue non inscrit sur la liste du Dispositif Mon Soutien Psy

Demandez à votre médecin traitant d'examiner régulièrement votre enfant s'il prend du méthylphénidate au long cours pour surveiller son poids et sa tension artérielle.

Un enfant qui a reçu le diagnostic de «TDAH-HPI» est peut-être tout simplement en souffrance psychique ? Il a le droit d'être écouté et entendu. Et pas seulement observé pour être évalué et "étiqueté".

En savoir plus :

Communiqué STOP DSM (publié dans "Le Journal des Psychologues")

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